'artisanat occupe 300 000 personnes en Tunisie mais il est possible qu'une bonne partie de « la main d'oeuvre invisible », parce que féminine, ne soit pas comptabilisée. Pourtant, de plus en plus de femmes artisanes apparaissent et produisent publiquement leurs créations.
On les voit d'ordinaire au salon de l'artisanat, en dehors des boutiques où quelques-
unes sont commercialisées, la plupart vendant en général dans leur quartier ou se faisant
connaître de bouche à oreille.
Beaucoup ont appris chez elles le métier, souvent le métier à tisser ou à broder. Par tradition aussi, elles font de la poterie, celle de Sejnane étant d'une rusticité plaisante et prisée. C'est de mère en fille aussi qu'elles tirent des fleurs et plantes aromatiques des essences naturelles, odorantes et thérapeutiques. Plus rarement, elles travaillent le cuivre ou l'argent dont elles sertissent des bijoux originaux.
Mais voici venue la nouvelle vague, celle qui ne sort plus des ateliers de formation professionnelle, des centres d'apprentissage de l'UNFT (Union nationale des femmes tunisiennes) ou de petites soeurs des pauvres, mais de l'école des Beaux Arts ou des Arts et Métiers.
Raffinées, imaginatives, ces jeunes artisanes citadines travaillent le rotin, le bois, le verre soufflé, le cuir et même les matériaux recyclés. Autant qu'autrefois elles étaient au moulin, elles sont aujourd'hui au four (à poterie) et au feu (de la ferronnerie). Elles s'installent à leur compte, gèrent leur micro-entreprise et font du marketing qui porte leur bricolage au statut de design et décoration. La clientèle préfère à cette créativité locale le prêt à porter de marques usurpées et toute la contrefaçon importée...
En marge du 8 mars, fête de la femme, et du 19 mars, fête de l'artisanat, Alternatives Citoyennes a choisi de donner le champ libre à ces images ramenées d'une exposition de femmes artisanes, ces petites mains qui font dans la dentelle.
