Alternatives citoyennes Numéro 8 - 20 mars 2002
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Éditorial
Un an d'Alternatives Citoyennes
Soutenez-nous, rejoignez-nous !

 

Ce 20 mars 2002, Alternatives Citoyennes a un an : il y a douze mois en effet, à la même date, paraissait notre numéro zéro. Nous faisions alors ce pari qu'une autre information était possible en Tunisie, une information qui rendrait compte des préoccupations majeures des « Tunisiens d'ici ou d'ailleurs », qui entretiendrait le débat dans la pluralité des opinions, qui se donnerait comme seule boussole la règle déontologique et qui s'inscrirait dans une synergie démocratique où notre journal serait susceptible de contribuer à la maturation d'une culture de la liberté de presse et de l'esprit critique, dans la confrontation pacifique des idées et des usages.

Il eût été peine perdue de demander une autorisation de diffusion d'un journal conventionnel en Tunisie. Il n'est, pour s'en convaincre, que de se souvenir des mésaventures du Phare, du Maghreb, d'Er-Raï, d'autres publications d'opposition absentes depuis douze ans, du cercle des journalistes disparus, et des dernières saisies d'El Mawqef et de Attariq Aljadid. Le projet s'est donc replié - ou plutôt déployé - sur Internet dans cette revue en ligne, dont le site web est hébergé en France, échappant ainsi aux contrôles de l'Agence tunisienne de l'Internet. Il suffisait de presque rien : de la volonté, un peu de générosité et de disponibilité, une once de courage et la conscience que nous ne pouvions pas demeurer en Tunisie à ce degré zéro d'information qui est le nôtre, et à cet état de débilité unanimiste qui est imposée à nos concitoyens.

Ce journal est réalisé pour sa partie technique à Paris et l'essentiel de sa rédaction se fait à Tunis, en toute transparence, en toute indépendance et en toute souveraineté.

Car ce journal n'a été possible que grâce aux encouragements et aux contributions de ceux qui nous auront fait confiance. Aussi tenons-nous pour ce numéro anniversaire à remercier d'abord nos plus proches, en quelque sorte le premier cercle d'Alternatives Citoyennes, Mahmoud Ben Romdhane (économiste, ancien président d'Amnesty International), Salah Zeghidi, Neïla Jrad et Sadri Khiari, militant(e)s depuis des décennies du mouvement démocratique tunisien.

De manière plus ponctuelle, au gré de leur disponibilité et de leur inspiration, mais souvent à plusieurs reprises, nous avons été rejoints par Mohamed Charfi (professeur de droit), Hachmi Jegham (avocat et longtemps Président de la section tunisienne d'AI), le docteur Hédi Kamoun, Souhayr Bel Hassen et Noura Borsali (journalistes), Jean Fontaine (directeur d'IBLA), ainsi que par un grand nombre d'universitaires dont nous citerons Leila Amar (architecte), Ahmed Brahim (linguiste), Fathi Chamkhi (géographe), Khedija Chérif (sociologue), Larbi Chouikha (professeur en sciences de communication), Hassine Dimassi (économiste), Latifa Lakhdhar (historienne), Azzam Mahjoub (économiste), Ilhem Marzouki (sociologue), Khalil Zamiti (sociologue). Nous tenons également dans cette reconnaissance à accorder une mention spéciale à Hichem Jaït (historien) qui ne nous aura jamais refusé sa totale disponibilité.

Tous, bien que d'horizons divers, sont venus à Alternatives Citoyennes en parfaite lucidité du forum que tient à être ce journal, car pour mettre un terme à tous les malentendus, aux interprétations surgies ici et là, voire aux suspicions et aux polémiques, il s'agit bien d'un journal et il ne s'agit que de cela. Nous n'entrons en effet dans aucune stratégie politique, dans aucun système d'alliance, dans aucune mouvance, dans rien d'autre qu'un projet (partagé par la classe intellectuelle et politique et une grande majorité de nos concitoyens) de construction d'un État de droit, républicain et démocratique, au plein sens de cette double qualité et non pas dans la confusion sémantique qu'en entretiennent certaines forces politiques. Certains de nos commentaires nous sont ainsi parfois reprochés, ou nous occasionnent quelques bouderies, dans certains milieux de l'opposition, mais c'est le prix à payer pour conserver un esprit critique que nous estimons salutaire. Se tenir en dehors de toute allégeance n'implique pas en revanche une prétendue « neutralité » et Alternatives Citoyennes a affirmé clairement ses choix dès sa première parution.

Nous croyons pouvoir dire, à considérer l'assentiment que nous recevons à travers les nombreux messages d'encouragement, qu'Alternatives Citoyennes est sur de bons rails. De manière plus quantitative, les statistiques de consultation de notre site web confirment cette impression : en cette première année d'existence, plus de 100 000 pages consultées (près de 800 000 hits), pour un total de près de 1 500 Megaoctets téléchargés (statistiques fournies par l'outil Webalizer). À cela s'ajoutent les diffusions sur support papier du journal, dans son intégralité ou par fragments, en Tunisie où les citoyens ont encore peu accès à Internet. Sans doute la rigueur, la tenue, la pertinence de nos contributeurs sont-elles pour beaucoup dans ce début de succès. L'accès au site semble libre depuis novembre 2001, alors qu'auparavant des détours étaient nécessaires pour la connexion à partir de la Tunisie. À notre connaissance, aucun des contributeurs du journal n'a subi jusqu'ici une quelconque pression de ce fait, et c'est également notre cas.

Nous sommes loin d'être satisfaites de notre entreprise encore trop peu professionnelle, à caractère trop strictement politique alors que nous aurions voulu davantage traiter politiquement de sujets économiques, sociaux et culturels ; mais la situation du pays ne nous conduit-elle pas à cette hypertrophie de la rubrique politique ? Enfin, si nous sommes beaucoup lus en Tunisie et à l'étranger, en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Égypte, en Jordanie et jusqu'en Australie, nous n'avons pas encore réussi à associer « les Tunisiens d'ailleurs » à des interventions plus directes dans notre journal.

C'est que nous faisons ce journal avec les moyens du bord, sans aucune subvention ni autre aide financière, en amateur. C'est, dans ces conditions, une entreprise lourde, difficile, dont nous n'avons pu réaliser que neuf numéros sur un an. Voilà pourquoi, pour en finir avec ce bricolage, pour structurer davantage notre projet et l'adapter mieux aux objectifs de départ, nous envisageons dans un futur proche la création d'une Association des Amis d'Alternatives Citoyennes, qui nous fournirait les outils d'une réalisation plus professionnelle et d'une plus large audience. Aussi, pour cet anniversaire nous lançons aux Tunisiens d'ici et d'ailleurs et plus généralement à tous nos amis, cet appel : soutenez-nous, rejoignez-nous !

 

Nadia Omrane (Tunis) et Meryem Marzouki (Paris)

-Nadia Omrane est professeur de lettres françaises, collaboratrice depuis 20 ans de publications indépendantes dont Le Phare, le Maghreb, l'Économiste Maghrébin, Réalités, Attariq Aljadid.

-Meryem Marzouki est chercheuse au CNRS et présidente de l'association IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire).

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