Alternatives citoyennes Numéro 8 - 20 mars 2002
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Réaction de l'UGET et mise au point de Neïla Jrad

 

Nous avons reçu du BE de l'UGET (que nous remercions de son intérêt pour Alternatives Citoyennes) cette mise au point à laquelle Neïla Jrad, auteur de l'article « accusé », tient à répondre. Certains qualificatifs en effet, ne sont pas recevables.

Sur le fond, la controverse porte sur la volonté d'appropriation absolue de l'UGET, à l'exclusion d'autres tendances surtout destouriennes, par la gauche et particulièrement par l'extrême-gauche du mouvement estudiantin. D'autre part, ces dernières tendances s'entre-déchirent. On l'aura vu de manière assez désolante à l'occasion du cinquantenaire de l'UGET, une fraction reprochant à l'autre quelques complaisances ou connivences avec les étudiants destouriens. Le radicalisme intransigeant fut porté jusqu'à jeter des chaises sur une tribune où se trouvait un ancien Secrétaire général de l'UGET reconnu comme destourien, au boycott des manifestations et même à la dénonciation de la présence du Secrétaire général du Bureau excéutif de l'UGET à une table ronde du journal Essabah aux côtés d'étudiants destouriens.

La dépolitisation de l'UGET ne semble pas à l'ordre du jour ni pour ceux qui la professent et qui semblent s'enferrer dans des contradictions, ni pour les étudiants destouriens qui reproduisent à l'université les pratiques de leurs aînés dans d'autres aires politiques.

Alternatives Citoyennes n'a nullement l'intention de continuer à épiloguer sur ces exclusions et les simplismes dont souvent elles procèdent, au mépris de l'intérêt de l'ensemble des étudiants. L'UGET est décidément bien malade de son histoire et de l'histoire de l'évolution politique du pays. En revanche notre journal ouvre son espace aux étudiants tunisiens qui voudront y exposer leurs difficultés, leurs inquiétudes et leurs attentes de la vie universitaire ou de la vie en général.

La rédaction

Réaction de l'UGET

Mise au point (traduction de l'Arabe)

Nous avons pris connaissance avec intérêt du petit dossier que vous avez consacré au cinquantenaire de l'UGET dans le numéro 7 d'Alternatives Citoyennes, un mensuel on line pour lequel nous avons beaucoup de respect et d'estime.

Que votre périodique consacre plusieurs pages à notre organisation, aux débats qui l'agitent et aux conflits qui la traversent, que plusieurs quotidiens, hebdomadaires ou mensuels tunisiens aient couvert le cinquantenaire de l'UGET et sa situation actuelle, tout cela confirme que les oiseaux de malheur qui enterrent régulièrement l'UGET, déjà en 1997 après le 22e congrès et ensuite en 2000 après le 24ème congrès en sont pour leurs frais...

Ceci dit, et par delà les analyses des uns et des autres que nous prenons pour des opinions respectables, l'article de Neïla Jrad a retenu notre attention par les questionnements qu'elle est en droit de se poser -  et dont certains se posent avec acuité - Neïla Jrad rapporte divers points de vue : celui de Habib Kasdaghli, ceux de diverses tendances estudiantines, « contestataires » du bureau exécutif. Mais voilà : seul le point de vue de l'exécutif est totalement absent. L'objectivité, le nécessaire équilibre exigeaient pourtant que notre point de vue fût écouté et rapporté.

Mais, ce qui nous a amené à vous adresser cette mise au point, c'est surtout les calomnies stupides (la prudence formelle du conditionnel n'y change rien) reprises dans le NB dont Neïla Jrad fait suivre son article, sans même prendre la peine, par un contact avec l'un des membres de l'exécutif, ou mieux encore par un petit déplacement au local de l'UGET à la rue de Naplouse au centre de Tunis, de vérifier la stupidité du « tuyau » de ses informateurs selon lequel « les étudiants destouriens auraient investi, en propriétaires, le local de l'UGET et avec l'assentiment du Bureau Exécutif auraient proclamé leur participation à la direction de la Centrale... ». Les informateurs (exclusifs) de Neïla Jrad lui ont encore fait rapporter cette idiotie selon laquelle « des modifications auraient été introduites dans le sigle de l'UGET par l'incorporation des couleurs des étudiants destouriens... ».

Que des énormités ridicules de ce genre puissent circuler dans tel ou tel milieu de calomniateurs professionnels, passe encore ! mais que Alternatives Citoyennes les reprenne, (ce qui signifie qu'elle leur donne quelque crédit !), cela nous a en vérité extrêmement surpris.

Laissez-nous dire en quelques mots de quoi il retourne à l'UGET aujourd'hui.

1. L'attitude à l'égard des destouriens est, pour la direction de l'UGET, tout à fait claire. L'organisation des étudiants du RCD (OERCD) est une organisation politique. Nous disons que la liberté d'action politique dans les facultés doit bénéficier à toutes les organisations politiques, et ne doit pas être le monopole de l'OERCD. Par ailleurs, les étudiants du RCD se mettent eux-même en dehors de l'UGET, puisque leur organisation se prétend une concurrente à celle-ci. Elle joue ouvertement un rôle hostile à notre organisation et tient souvent la fonction d'un auxiliaire à la police universitaire et à la police politique dans leurs exactions et leur répression, contre les étudiants et contre les militants et les dirigeants de l'UGET.

2. Le paysage estudiantin est devenu d'une très grande complexité. Des facteurs historiques, sociologiques et politiques ont contribué à rendre plus difficiles l'encadrement syndical et la mobilisation de plus de 200 000 étudiants répartis sur l'ensemble des villes du pays. Les facultés, les instituts supérieurs, se trouvent aujourd'hui aussi à Jendouba, à Nabeul, à Gafsa, à Kairouan, à Monastir, à Gabès... Une seule faculté peut compter près de 10 000 étudiants. Les problèmes posés par le cursus universitaire, la question de l'emploi des diplômés, le rapport entre l'université et la société, etc. se posent de façon nouvelle. La direction de l'UGET, depuis le tournant constitué par le congrès de 1997, s'est fixé comme objectif d'adapter l'organisation, ses préoccupations, ses méthodes d'action et d'intervention à cette situation toute nouvelle. Des progrès ont été faits dans ce sens, mais il reste beaucoup à faire.

3. « La sur-politisation qui exclut », pour reprendre la belle formule de Neïla Jrad, constitue l'un des grands facteurs qui expliquent le rétrécissement considérable de la présence et de l'influence de l'UGET au cours de longues années. C'est précisément avec cela que nous avons voulu rompre, au profit d'une ligne qui opte pour « la syndicalisation qui rassemble ».

Tout le problème est là. Nous engageons depuis cinq ans l'UGET, en un parcours difficile, dans une voie qui en fasse l'organisation des étudiants : syndicale, de masse, démocratique, mais aussi engagée avec les autres organisations et associations de la société civile dans le combat pour les libertés et les droits de l'homme. L'UGET est, depuis 1999, membre actif de l'Inter-Associatif...

Notre problème avec certaines fractions ou groupements politiques étudiants est bien là. Ces fractions veulent maintenir l'UGET comme un « cartel de groupements » qui se partagent « le gâteau » et dont la fonction essentielle est « de combattre le régime ». Dans une UGET ainsi conçue, ne trouve sa place que le militant « pur et dur » appartenant à l'une des composantes de l'extrême-gauche, ou prétendue telle. L'exclusion est la règle, le rassemblement, c'est la déviation, « le réformisme », « la trahison » etc.

Quand l'étudiante en Lettres Françaises à laquelle vous avez donné la parole affirme : « Plus que jamais, nous avons besoin de bureaux fédéraux actifs et efficaces dans des universités où les conditions d'examen ne sont jamais définies clairement, où le droit à une double correction, ou même à une simple vérification de note est carrément impossible. Nous avons besoin d'une UGET forte et unie... l'Université et l'UGET ne sont le patrimoine de personne, ils nous appartiennent à tous, nous l'ensemble des étudiants tunisiens, « les militants » et « les lâches », les politisés et les apolitiques », nous la comprenons parfaitement et nous voulons faire en sorte que les étudiants et étudiantes comme elles, qui sont des dizaines de milliers, puissent se retrouver et se reconnaître dans l'UGET, celle que nous sommes en train de construire, et qui soit au service des étudiants, de l'Université et de la démocratie.

Pour le Bureau exécutif
Le Secrétaire général Ezzedine Zaâtour.

Mise au point de Neïla Jrad

J'ai pris connaissance, avec surprise, du texte intitulé « Mise au point », signé par le Bureau exécutif de l'UGET et qui se veut répondre à mon article « Du rêve à la désillusion » (Alternatives Citoyennes n°7). Je ferai donc les précisions suivantes :

1. Concernant l'attitude à l'égard des destouriens, Ezzedine Zaâtour, Secrétaire général de l'UGET, a déclaré au cours d'une table ronde organisée par le journal Essabah (parue dans le numéro du 26 janvier 2001) : « Nous n'avons pas fermé la porte aux étudiants destouriens et la preuve en est leur participation aux Bureaux fédéraux de l'UGET » (traduit par nous). C'est cette déclaration entre autre qui a soulevé un tollé général chez les militants étudiants qui n'acceptent pas la participation des destouriens à l'UGET et qui, de plus, ignorent leur présence aux bureaux fédéraux. Celle-ci, reconnue par le Secrétaire Général de l'UGET, autorise bien, c'est évident - et cela devient extrêmement secondaire - les étudiants destouriens à aller au local de cette organisation.

2. Depuis 1972 et les journées de février qui consacrèrent la rupture de l'UGET avec le parti au pouvoir, les étudiants destouriens n'avaient pas droit de cité, dans l'organisation estudiantine, encore moins à sa direction et dans son local.

3. Des modifications introduites dans le sigle de l'UGET par l'incorporation du violet (destourien) mélangé au rouge, d'un dessin ambigu rappelant nettement l'insigne des étudiants destouriens et l'élimination de l'inscription « 5 février » ont donné lieu à la distribution, durant le cinquantenaire, d'affiches et d'autocollants.

4. Les « tuyaux » dont il est question regroupant les témoignages de plusieurs étudiants militants ou non militants, ne bénéficient certes pas de l'appellation contrôlée « Bureau exécutif de l'UGET ». À ce titre, ils n'ont, pour lui, nulle crédibilité. Or, nous vivons dans un pays où nous sommes bien placés pour savoir ce que vaut la crédibilité de l'autorité en place et celle de ceux qui la contestent. À bon entendeur, salut.

5. Le ton et le vocabulaire utilisé, insultants et diffamatoires à mon encontre, ne mériteraient même pas l'honneur d'un commentaire s'ils n'étaient révélateur à la fois de la faiblesse argumentative de ceux qui l'utilisent et des procédés d'intimidation que l'on veut substituer au débat pour le clore. Ce n'est, à mon sens, ni le style d'Alternatives Citoyennes, ni le mien.

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