Alternatives citoyennes Numéro 15 - 22 mars 2005
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Amélioration « du code de l'infamie » en Algérie
Algériennes, épousez des Tunisiens !

 

C ertes on ne verra plus une mère algérienne jetée à la rue avec ses enfants, en cas de divorce. Désormais, à la faveur de l'amendement du code de la famille décidé en Conseil des ministres le 22 février (et qui devrait être voté plus tard par l'Assemblée nationale), l'épouse répudiée devrait être maintenue dans les lieux, si elle obtient la garde des enfants. Certaines féministes algériennes considèrent en effet que cet amendement, qui met fin au scandale de l'expulsion d'une mère et de ses enfants, pourrait donner suite à une contestation par le père du droit de garde.

Autre amélioration des dispositions d'un code que les mouvements des femmes baptisent « code de l'infamie », c'est l'assujettissement de la conclusion d'une bi ou polygamie au consentement des épouses « existantes » ainsi que de la future conjointe. C'est surtout l'accord du juge qui sera requis après qu'il aura vérifié que l'époux est en mesure d'assurer à ses épouses un traitement équitable et un égal bien-être. Il s'agit de préserver, dans les faits, l'esprit et la lettre coraniques.

Or, beaucoup de femmes algériennes parvenues à un haut degré d'instruction, de statut social et de revendication citoyenne, se sentent très humiliées à voir leur condition conjugale tributaire d'une appréciation masculine, d'autant que la magistrature reproduirait aussi des schémas conservateurs ! C'est du moins ce que soulignent les féministes.

Mais, cette humiliation devient plus aiguë avec le maintien du tutorat pour le mariage. Si l'âge de ce dernier est amené équitablement à 19 ans révolus pour garçons et filles, seule la fille devra soumettre son « oui » conjugal devant notaire, à l'aval et au contreseing du ouali, ou tuteur, en général le père ou le frère. Le maintien du tutorat fait des Algériennes des mineures pour la vie.

Le président Bouteflika est accusé par les démocrates algériens d'avoir fait cette concession aux partis islamistes (Hamas et Nahda) qui font partie du jeu gouvernemental. Mais le chef de l'État est également suspect d'avoir sacrifié les femmes sur l'autel d'une amnistie générale qui devrait passer l'éponge sur l'ensemble des crimes, disparitions, tortures des heures sombres des 12 dernières années, c'est-à-dire sur l'ensemble des pratiques horribles et de la tragédie dont se rendirent coupables sans doute le GIA, mais aussi des groupes paramilitaires oeuvrant dans l'ombre des autorités d'alors ou de quelques hauts gradés et milices du parti dominant. Cette loi d'amnistie ne permettra jamais de rétablir la vérité que réclament certaines parties islamistes accusées, selon elles, à tort.

Enfin, la grande braderie du pétrole algérien avec la prochaine loi sur les hydrocarbures risque d'entraîner des remous politiques et sociaux. Sans doute apparaissait-il bien imprudent à Bouteflika de jeter de l'huile sur le feu, en émancipant trop les Algériennes. Celles-ci sont un modèle de vie et de combativité et l'on a envie de leur recommander : venez en Tunisie épouser nos fils et donner du sang neuf, du punch et de l'exubérance à notre militance mollassonne et pourtant gâtée par le CSP (que Dieu lui assure une longue vie !).

 

Une militante de la section tunisienne d'Amnesty International
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